Uganda - part 2 - volunteering experience
- ancha-et-marty
- 8 oct. 2019
- 6 min de lecture

La voiture vendue, nous voilà "free to go" direction l'Ouganda pour faire notre volontariat au settlement Kyaka II. Nous ne savons pas trop quoi attendre de de cette expérience, mais avons envie quelque part, de donner un sens à notre voyage. An'Cha vient en tant que physiothérapeute et Marty vient comme traducteur Français-Anglais et tous deux pour apporter 2 paires de bras supplémentaires et être utiles comme on peut.

Kyaka II
Le "settlement" Kyaka II n'est pas à proprement parlé un camp de refugiés. C'est un terrain donné par l'état pour pouvoir accueillir à long terme les congolais et rwandais fuyant les exactions dont ils sont victimes. Bon, dit comme ça, ça pourrait être aussi la définition d'un camp de réfugiés, mais peut-être pour des raisons politiques ou économiques, c'est un settlement :D.
Ce settlement est composé essentiellement de congolais fuyant les violences de leur pays. Lorsqu'on parle avec eux, il s'agit la plupart du temps de brigandage et violences ethniques malheureusement trop peu, voire pas du tout punies de l'autre côté de la frontière. On discutera avec plusieurs femmes qui nous dirons que leurs maris a été tué de sang froid par un coup de fusil lors de vols ou à coup de machette durant une confrontation ethnique. On se demande comment l'être humain peut faire preuve de tant de barbarie!! Et comment ces gens trouvent encore la force et le courage de reprendre leur existence presque normalement en Ouganda. Kyaka II existe depuis pas loin de 20 ans et nous apprendrons que pour certaines familles, c'est déjà la 3ème génération dans le camp.
A cause de la recrudescence de la violence au Congo, il y a un nouvel afflux de réfugiés dans le camp et à l'heure d'aujourd'hui, même si le compte est difficile à tenir, il y a pas loin de 100'000 âmes vivant ici.
Nous trouvons ici beaucoup d'associations, de ONGs et autres comités gouvernementaux venant en aide aux personnes, tels que AHA, Adventist Help, ADRA, UNHCR, World Food Program, ...
A l'heure actuelle, seule une clinique dans tout le settlement dispense des soins médicaux. Elle est conduite par l'ONG AHA et offre un service d'urgence, de consultations, une nurserie, un service de physiothérapie 3 jours par mois et un bloc chirurgical est en attente d'ouverture depuis près de 18 mois (et n'est pas prêt d'ouvrir).
The project - hospital & accomodation
Le projet que nous sommes venus soutenir et pour lequel nous sommes volontaires est la création d'un second hôpital offrant les mêmes services que la clinique actuelle (une 30aine de lits) plus un scanner, un laboratoire et un service de dentisterie dans la première phase, puis une duplication du service de consultation et d'urgence et un bloc chirurgical. Le projet a débuté en septembre dernier et cumule les délais à cause de problèmes de paiements, de coordination, de sélection de mandataires, de containers bloqués à la douane... et à l'heure actuelle le staff reconnaît qu'il est difficile de prévoir une date d'ouverture (peut-être janvier ?)
En plus de cette partie médicale, le projet comporte des "accomodations" pour le futur staff qui logera localement, une grande cantine et un potager qui devra couvrir un grand nombre des besoins des personnes travaillant sur place.
The staff and the volonteers
Nous imaginions une organisation importante pour gérer l'ensemble du projet, mais le fait est que seuls 4 personnes sont réellement responsables! 2 infirmières, 1 physiothérapeute et 1 admin! Pas vraiment l'équipe que nous imaginions pour gérer un chantier de construction d'un hôpital incluant le design hygiénique et les différentes contraintes liées à un hôpital, coordonner la libération des containers aux douanes Ougandaises qui est un labyrinthe administratif, ... Le chantier présente, aux yeux d'un ingénieur habitué, une multitude de problèmes de planification, de coordination et de design.
La partie "Guidelines" & "Policies" pour les activités des infirmières et des physiothérapeutes est bien avancée car les domaines en question sont maîtrisés par le staff. Cette documentation nous aura semblé être beaucoup de paperasse obligatoire mais inutile, et... est ce qu'on n'est pas en train de réinventer la roue? Il existe déjà ce genre de documents sur des bases de données sur internet, MSF les a aussi et bien entendu tous les hôpitaux et cliniques dans le monde!!
Les volontaires, principalement des infirmières, venaient ici pour aider au démarrage de l'hôpital, toutefois, aux vues du retard, elles sont redirigées vers la clinique AHA actuelle où elles travaillent en concert avec le staff local. Certaines nous avoueront les difficultés et la frustration de réaliser cette tâche car faire évoluer les pratiques locales est quelque chose qu'on ne fait pas en 3-4 semaines. Toutefois elles font un travail formidable avec les moyens du bord! Les autres volontaires comme An'Cha et Martin aident comme ils peuvent et selon leur domaine de compétence. Malheureusement An'Cha n'aura la chance de pouvoir travailler dans son domaine de compétence qu'une matinée. En effet pour pouvoir travailler dans la clinique il faut qu'il y ai la présence d'un kiné ougandais de référence...qui ne vient travailler que 3 jours par mois à la clinique. An'Cha participera du coup à la rédaction d'une guideline sur les strokes. Mais sur les 3 semaines que nous avons passées là, notre principale activité se résumera à l'étude et à la réalisation du jardin potager.
Our contribution
Comme mentionné plus haut, la première contribution de An'Cha aura été la réalisation d'une Guideline sur les strokes (AVC). Etant spécialisée neuro, c'est un domaine qu'elle maîtrise. La rédaction n'est peut-être pas la chose la plus fun, mais ça fait plaisir de se plonger dans son domaine professionnel :D. De plus elle passera une matinée avec un kiné local. Une expérience intéressante et intrigante même si ce fut court.
Martin travaillera directement dans le jardin. Un peu d'activités physique fait du bien après avoir passé près de 3 mois assis dans une voiture. La première semaine, ce sera une tranchée d'une 100aine de mètres puis l'étude du jardin potager. Nous pouvons travailler sur l'étude "from scratch" c'est-à-dire que l'on va pouvoir se poser les questions relatives à la permaculture! Une grosse journée de travail sur l'ordinateur, pour An'Cha et Marty, et l'étude prenant en compte le nombre de personnes, les besoins, les quantités récoltées ainsi que toute la partie espacement et accès sont réalisés en accord avec les principes de base de la permaculture: éviter l'appauvrissement du sol et l'utilisation en symbiose des différents végétaux. Nous mettons aussi en place les hypothèses de travail et les recommandations de récoltes et d'interversions des plants.
Passage à l'action. Nous avons de l'aide de 3 réfugiés congolais, Roger, Dorcas et Samuel. Très sympas, ils nous seront d'une grande aide, non seulement pour avoir quelques bras supplémentaires, mais surtout pour leur expérience! Nous commençons par retourner une surface de 10mx15m en retirant consciencieusement toutes les racines des herbes actuelles. Nous réaliserons ensuite les passages d'accès entre les rangées de légumes. Nous construirons aussi une structure pour la pépinière, pourquoi ne pas en profiter pour faire grandir un peu nos fragiles plants de courgettes et concombres avant de les planter? L'avant et l'après font plaisir à voir!
Nous finirons l'expérience dans le camp par creuser une autre tranchée d'une 100aine de mètres et y planter, ainsi que dans la première, une "live fence", comprenez-y une haie.
De notre temps ici, nous auront réalisé un bon travail, espérons que les suivants prendront grand soin de la "graine" que nous avons planté !
Our feeling
Notre expérience ici n'aura pas vraiment été celle à quoi l'on s'attendait.
- Nous nous attendions à voir beaucoup d'ONGs et une forte activité de leur part, et en fait, on ressent que la plupart se satisfont du statu quo sans forcément vouloir l'améliorer,
- Nous nous attendions à être très utiles ou/et mis à contribution, mais à vrai dire nous nous sentions un peu inutiles à certains moments
- Nous nous attendions a une grosse organisation autours de l'hôpital, mais il n'y a que 4 membres du staff qui font au final ce qu'ils peuvent dans la mesure de leurs moyens et leur connaissance.
Mais c'est dans notre capacité à nous adapter que nous avons alors fait les plus gros progrès ;)
L'excellente surprise viendra des autres volontaires que nous croiserons. Entre autre, il y a Michael, ce médecin travaillant quelques mois par an sur des yachts ou dans de grandes stations de ski pour de richissimes personnes, et offrant tout le reste de son temps a être volontaire et à de la recherche de fonds et de dons. Une personne extraordinaire! Il y a aussi Jackie, Eithne et Megan qui profitent de leurs vacances pour prendre quelques semaines non-payées supplémentaires pour travailler en tant que volontaire en Irak, Ouganda, ...


Cette expérience était intéressante car nous avons pu voir et vivre un volontariat dans un settlement de réfugiés. Voir comment vivent ces gens, les côtoyer et les aider comme on peut est un apprentissage à part entière. Nous soulignerons aussi les supers échanges sur la géopolitique africaine, l'expérience d'autres camps et la vie en générale que nous avons eu avec les autres volontaires.
Si c'était à refaire, nous le referions, car nous sommes dans un cadre de voyage de 12 mois. Si l'on n'avait "que" 5 semaines par an, nous nous assurerions que l'impact que nous allons avoir sera bien réel.

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